Le 5 mai, nous présentions dans nos colonnes le projet de citoyens engagés, bien décidés à reprendre l’exploitation du maraîcher qui fournissait leurs AMAP*, ce dernier ayant décidé de revendre sa maison et ses terres. L’association Graine en main s’est confrontée aux frilosités des partenaires mais son pari est déjà presque réussi. Pour boucler le budget, elle fait appel aux citoyens et donateurs.
Le Courrier Cauchois : Vous vous êtes lancés dans un projet ambitieux. Rappelez-nous le contenu de celui-ci.
Arthur Baur : Olivier Desutter, maraîcher bio à Étainhus qui fournit les AMAP de Fécamp, trois du Havre et celle d’Étainhus – 200 paniers vendus par semaine – avait annoncé à nous, adhérents consommateurs, qu’il avait décidé de cesser son exploitation de 5,8 hectares à Étainhus fin 2016. Il voulait alors s’engager dans une nouvelle voie professionnelle. Le poids de l’administration est à l’origine de son ras-le-bol. Les responsables des cinq AMAP s’étaient alors réunis pour imaginer comment pérenniser cette activité, et la solution retenue fut de créer un chantier d’insertion pour reprendre l’exploitation. Le projet a plu à Olivier Desutter qui a accepté de nous vendre les terres et la maison une fois que nous serions prêts. Et même de prendre part à l’aventure. Aujourd’hui, nous sommes quasiment prêts.
Le C. C. : Le 11 mai avait lieu un tour de table décisif. Mais ça ne s’est pas forcément passé comme vous le souhaitiez
A. B. : Le point positif, d’abord, c’est que l’agrément chantier d’insertion nous a été accordé par les services de l’État. La Safer a décidé le 22 juin de nous confier l’exploitation sous réserve de boucler le financement de l’acquisition. Le Réseau Cocagne et l’Agence de développement de l’économie sociale et solidaire (ADRESS) nous soutiennent. L’exploitation et la maison représentent un coût total de 388.000 €. Nous avions d’abord espéré que l’association Terre de lien achète les terres pour nous les relouer. Mais le calendrier n’était pas assez rapide pour nous et la Région ne souhaite plus se porter garante sur le portage financier de ce projet, mais elle doit nous apporter son soutien via le FEADER (programme européen) et le dispositif Émergences ESS. De plus, la non-participation de collectivités dans l’acquisition des biens nous empêche d’obtenir une subvention de l’Agence de l’eau. Nous avons donc revu notre plan de financement. Finalement, c’est l’association qui va se porter acquéreur de l’ensemble, sous une forme juridique actuellement à l’étude. Grâce à l’achat de parts sociales et à la générosité de donateurs.
Le C. C. : Combien avez-vous collecté ? Combien vous manque-t-il ?
A. B. : Nous avons 110.000 € de prises de participation, qui vont de 100 € à plus de 10.000 € ainsi que 6.000 € sous forme de dons. L’objectif est d’atteindre au minimum 120.000 € pour pouvoir emprunter la globalité des 380.000 €. Le dossier est à l’étude avec différentes banques. L’exploitation générera ensuite des recettes suffisantes pour faire face aux remboursements. Toutes les personnes qui le souhaitent peuvent souscrire à des parts sociales ou faire un don (www.facebook.com/GraineEnMain – 06.19.99.50.37). La cession des terres et de la maison est prévue pour septembre.
Le C. C. : Comment l’exploitation va-t-elle fonctionner ? Quand allez-vous démarrer ?
A. B. : Nous avons créé une association collégiale où tous les membres du conseil d’administration partagent les responsabilités. Olivier sera salarié à partir de lundi prochain en tant que chef de culture encadrant technique. Moi, je vais être salarié à partir du 10 juillet pour diriger le chantier d’insertion et l’embauche d’un accompagnateur socioprofessionnel est prévue. Le chantier va permettre à des personnes sans emploi de se former aux métiers du maraîchage, de la vente, de la logistique, à la conduite d’engins et à l’entretien du matériel. Les premiers salariés arriveront mi- juillet. Nous allons débuter avec six salariés, le projet étant de créer 18 emplois en insertion (12 équivalents temps plein) et quatre permanents d’ici fin 2018. Nous fournirons des paniers pour les AMAP et nous serons présents sur un marché au Havre. L’idée est aussi de développer la vente sur place dans une boutique que nous voulons développer en vendant des produits bio en vente directe, à prix producteurs.
Le C. C. : En attendant, des bénévoles sont déjà à l’œuvre
A. B. : Oui, le 24 juin, une vingtaine de bénévoles ont permis la plantation de 27.000 poireaux, 10 planches de betteraves. Une serre de poivrons et une serre d’aubergines ont été désherbées. Céleris et carottes ont été ratissés. Un beau bilan pour cette journée de maraîchage partagé. Sans parler des nombreux bénévoles présents quotidiennement pour apporter leur soutien.
Source : Courrier Cauchois
https://www.lecourriercauchois.fr/actualite-135393-etainhus-graine-en-main-va-bientot-eclore